De l’armée à l’art, le parcours du photojournaliste José Nicolas

De l’armée à l’art, le parcours du photojournaliste José Nicolas

Dans "Parlons Livres Photos", José-Nicolas, ex-militaire et photojournaliste, partage son parcours, de zones de conflit à la photographie humanitaire. Ses œuvres, comme "French Doctor", reflètent ses expériences et transitions. Cet épisode révèle les défis et évolutions du photo-journalisme à l'ère numérique.

Episode du podcast disponible le 8 janvier à 7h00. Inscrivez-vous à la newsletter pour ne rien rater !

Roumanie 1989, Bucarest, revolution roumaine, place de la République un 24 décembre
Afghanistan 2011, Surobi guetteur français sur le Mont Saint Michel

De Soldat à Photojournaliste : Un Aperçu Unique

Avez-vous déjà imaginé le monde à travers les yeux d’un soldat dans une zone de guerre ? Dans cet épisode de « Parlons livres photos », nous explorons le monde captivant d’un ex-militaire reconverti en photo-journaliste, immortalisant des instants historiques avec son objectif.

José Nicolas : Un Parcours de Guerre à l’Art

Mon invité, José Nicolas, a entamé son parcours professionnel dans l’armée, servant dans le sud du Liban, en République Centrafricaine, et sur d’autres fronts. C’est dans la ville de Beyrouth qu’il rencontre Bernard Kouchner, le renommé French doctor, et débute la documentation de ses aventures photographiques. Suite à une blessure qui met fin à sa carrière militaire, José Nicolas se tourne vers le monde du photo-journalisme, rejoignant l’agence CIPA. Actuellement résident à Paris, il se consacre à ses initiatives personnelles, notamment avec la la co-fondation de l’atelier Galerie Taylor, et la gestion de ses archives de photographies. Ses efforts ont abouti à la publication de plusieurs livres, dont « French Doctor » par les éditions de La Martinière.

Entre Passé et Futur : La Vision d’un Photojournaliste

Dans cet épisode, José Nicolas nous guide à travers un périple temporel, de ses débuts en photographie à ses projets récents. Il partage ses aventures sur le terrain, ses interactions avec d’éminents photographes, ainsi que sa transition vers une vie civile marquée par une fusion entre sa passion pour la photographie et son dévouement humanitaire. Il aborde aussi les enjeux du photo-journalisme à l’ère numérique et son anticipation pour le futur de cette discipline. Un épisode fascinant qui dévoile les aspects méconnus de la photographie en temps de guerre et d’humanité.

L’épisode en 6 points

De la guerre à l’objectif

José-Nicolas, notre invité, a débuté sa carrière photographique sur les champs de bataille, armé d’un appareil photo. Ancien militaire, il a suivi les traces d’un photographe rencontré en Mauritanie, ce qui l’a conduit à acquérir un Leica et à capturer des moments uniques au sein des territoires conflictuels.

Rencontres inspirantes

La rencontre fortuite avec le French doctor Bernard Kouchner à Beyrouth a marqué un tournant dans la vie de José-Nicolas. Cette amitié a ouvert la porte à une collaboration avec Médecins du Monde, mêlant photographie et logistique humanitaire.

De l’armée à l’agence

Après avoir été réformé de l’armée, José-Nicolas a intégré l’agence CIPA en tant que photojournaliste. Cela lui a permis de voyager à travers le monde, notamment en Afrique, et de perfectionner son art au contact de photographes renommés.

Publier pour partager

La publication du livre « French Doctor » est née d’un désir de revisiter et partager ses archives photographiques. La préface de Bernard Kouchner et le processus de sélection des images témoignent d’une volonté de raconter des histoires significatives à travers la photographie.

Galerie Taylor : un espace pour la photographie

José-Nicolas est cofondateur de l’atelier Galerie Taylor à Paris, où il expose la diversité de la photographie, allant du reportage au contemporain. Il valorise le travail de photographes de différentes générations et maintient une approche accessible à tous les amateurs d’art photographique.

Un regard sur le passé et l’avenir

Bien qu’il reste attaché à la photographie argentique et aux œuvres du passé, José-Nicolas reconnaît l’évolution du métier et l’importance de s’adapter aux nouvelles technologies et aux changements du marché de la photographie.

Retranscription

0:0:0 – Julien GERARD – Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Parlons Livres Photos. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’enregistrer ce nouvel épisode à Paris, à deux pas de la place de la République. Notre invité est un ancien militaire. Il intervient au sud Liban, République Centrafricaine et bien d’autres conflits. C’est à Beyrouth qu’il rencontre le jeune French doctor Bernard Kouchner sur place pour soigner les victimes de la guerre. Sur le terrain, il emporte avec lui un appareil photo et porte un regard personnel sur les populations. Réformé de l’armée à 29 ans suite à une blessure, il intègre l’agence CIPA et devient photojournaliste. Il vit désormais à Paris et se consacre à des travaux plus personnels à l’atelier Galerie Taylor dont il est cofondateur. Il revisite ses archives photographiques. C’est de ce travail qu’est né le livre « French Doctor » publié aux éditions de La Martinière et préfacé par Bernard Kouchner ainsi que de nombreux autres ouvrages. Il y a à peu près un an, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’interviewer Eric Bouvet, Aujourd’hui, c’est un autre grand nom de la photographie française que je rencontre. Bonjour José-Nicolas.

0:1:2 – José Nicolas – Bonjour.

0:1:3 – Julien GERARD – Est-ce que ma petite présentation était OK ?

0:1:5 – José Nicolas – Oui, c’est bien. C’est bien, voilà. Quand on écoute ça, on se dit tiens, il y en a eu du chemin de fait.

0:1:13 – Julien GERARD – – Effectivement, un long parcours. Alors ma première question, comme moi ton nom et ton prénom sont deux prénoms, moi c’est Julien Gérard, toi José Nicolas, c’est lequel le prénom ? La question qu’on te fait toujours j’imagine.

0:1:28 – José Nicolas – – Alors le prénom c’est José et Nicolas mais ça ne s’arrête pas là, il y a une suite qui est Bada, B-A-D-A, c’est une origine espagnole des Asturias.

0:1:43 – Julien GERARD – Ok, donc José-Nicolas de prénom alors, nickel. On commence par le début, en fait dans ce podcast j’aime bien présenter un peu les photographes et montrer leur cheminement et d’où ils viennent et comment ils en sont arrivés à la photo. Donc toi on a expliqué vite fait que tu prenais un appareil photo alors que tu étais militaire mais j’imagine que ça commence pas comme ça.

0:2:3 – José Nicolas – Non, ça commence pas comme ça. J’ai fait une rencontre en 77, j’étais dans les parachutistes, et on était en intervention à Mauritanie. Et j’ai rencontré un photographe qui est resté quelques jours avec nous. Et puis, quand nous, on était là pour quatre mois, et qu’on est rentré en France, il m’avait, pour me remercier, il m’avait envoyé un livre. qui venait de sortir à l’époque, de Gilles Caron. Et c’est vrai que quand j’ai vu ces photos, tout ça, ça m’a plu. Et donc, du coup, je suis allé acheter un appareil photo. Donc, c’était entre Castres et Carcassonne, donc il n’y avait pas de boutique photo. Je suis allé à Toulouse et j’ai dit au gars, je voudrais le meilleur appareil, le plus cher. Donc il m’a vendu un Leica, avec lequel je ne faisais que des photos floues, parce qu’au départ je ne savais pas comment servir.

0:3:1 – Julien GERARD – – Sur tous les cas, ce n’est pas simple.

0:3:3 – José Nicolas – – Non, non, il n’y avait pas de cellules, il n’y avait rien. Et puis j’ai appris petit à petit. Ma mission première, ce n’était pas de faire de la photo, j’étais chef de groupe, j’avais un groupe avec moi, et en fonction du pays où on allait, on avait des missions. Et de temps en temps, je prenais l’appareil photo, je faisais des photos. Et en même temps, au sud du Liban ou dans d’autres endroits, on rencontrait des photographes. J’ai rencontré des photographes qui étaient plus… Alain Mingant, Alain Keller, des gens comme ça. Je les voyais faire, je me suis dit, putain, c’est super, c’est la liberté, c’est pas mal de choses. Mais bon, comme j’étais lancé dans une carrière militaire, je ne me posais pas trop ces questions. Et puis après, j’ai eu un accident au Liban, donc du coup, j’ai été réformé. Une institution m’a proposé autre chose, mais qui ne me convenait pas. Et comme j’étais quand même dans une unité, on sortait en parachute, on faisait pas mal de choses, j’avais pas envie de me retrouver dans un bureau. Donc je suis parti dans la vie civile et puis là, j’ai rencontré un photographe, Jacques Pablowski, qui m’a présenté, il est médecin du monde et comme j’avais déjà vu Bernard Kouchner au Liban, il m’a embarqué avec lui. Donc je faisais de la photo et je faisais de la logistique. pour le bon médecin du monde, donc on est parti en Afghanistan, en Kurdistan, on a été dans pas mal d’endroits, et comme j’avais des images assez fortes, parce qu’avec lui on allait quand même partout, ben je les ai montré à Sipa, le patron de Sipa, Gokshin, m’a fait rentrer dans l’agence, Et à partir de là, j’ai commencé à voyager, aller un peu partout, surtout dans les pays en conflit, beaucoup d’Afrique. Alors j’avais un avantage par rapport à beaucoup de photographes, c’est que quand j’allais en Afrique, tous les anciens des RPIMA, c’était mes copains. Donc du coup, je faisais un peu plus que les autres. Au départ, je n’étais pas excellent, mais je me suis amélioré parce que dans l’agence, il y avait quand même des super photographes. Du coup, leur contact et tout, je m’améliorais petit à petit. L’aventure avec Shippa, ça a duré pendant plusieurs années. Après, j’ai eu un accident au Rwanda, j’étais blessé, donc ça, ça a été un peu dur, parce que ça m’a pris quand même du temps de me remettre des blessures. Et à un moment, j’ai choisi un peu de devenir indépendant. Et là, j’ai pas mal travaillé avec VSD. Donc là, j’ai pas mal fait deux choses avec eux. L’aventure a duré deux, trois ans. Voilà, et après, je suis parti dans le Midi, dans le Sud, où je continuais la photo en trouvant d’autres modèles économiques, mais en même temps toujours en continuant le reportage. Et… Donc j’avais deux trucs, bon, qui sont… très opposés l’un à l’autre, mais je les faisais. J’avais un peu des ONG, parce que comme j’avais été avec pas mal de médecins du monde, certains ont monté d’autres ONG, donc je faisais des choses avec eux, même en étant dans le Sud, je partais de là. Et puis de l’autre côté, le milieu militaire, où il y avait certains qui étaient devenus colonels, ainsi de suite, qui avaient des régiments, et puis pas n’importe lesquels, parce qu’ils ont commandé des beaux régiments, le rap et tout, donc du coup il me demandait de faire le livre pour eux. Donc j’ai fait plusieurs livres pour ces unités, et en même temps je faisais de l’humanité, ce qui est quand même… – Oui, il fallait la large. – Voilà, c’est un panel assez particulier. Voilà, et puis… Et puis à un moment, j’ai fait un voyage en Centrafrique en 2014. Et puis quand je suis rentré, je me suis dit bon, faut peut-être penser à autre chose. Et là, j’ai récupéré toutes mes archives à l’agence SIPA. J’avais tout descendu dans le sud et quand j’ai vu tout ça, Il ne faut pas oublier que ce qui était intéressant à l’époque, ces agences SIBA, Sigma Gamma, c’est que nous, on faisait des photos, on faisait des reportages, mais derrière il y avait une machine qui s’occupait de ça, qui les développait, les vendait, nous payait et mettait des moyens à notre disposition.

0:8:2 – Julien GERARD – – C’est un peu l’âge d’or de la photographie, non ?

0:8:5 – José Nicolas – Oui, oui, c’était une… c’est-à-dire qu’il y avait une vraie économie. Il y avait une vraie économie de la photographie, 6 pailles au plus haut de son truc sont arrivées à 230 personnes.

0:8:21 – Julien GERARD – – Ouais quand même, c’était quelle année.

0:8:24 – José Nicolas – Ça à peu près ? – Là je parle des années 90 quoi, donc moi je suis rentré milieu 80 et jusqu’en 98, jusqu’en 2000 les agences s’allaient. Après le Nubia qui est arrivé, ça démocratisait l’accès à tout. Parce qu’il fallait voir quand c’était de l’argentique, c’était un peu fermé. Et puis les journaux marchaient bien, ils avaient beaucoup de moyens, ainsi de suite. Donc ça nous permettait quand même de faire pas mal de choses. Et nous, c’était d’être bons, de faire des bonnes photos. Quand j’ai récupéré tout ça, je me suis dit c’est incroyable ce qu’on a fait. Il y avait des archives, des planches contact, des centaines et des centaines de diapos, Et puis je me suis mis à trier tout ça, à scanner, à monter des projets. Donc le premier projet qui a été fait, c’était l’aventure humanitaire. Et alors l’aventure humanitaire, c’est assez marrant parce que j’ai sorti les planches contact et puis je suis monté à Paris, je suis allé voir Thomas Consigny qui était tireur en noir et blanc. Et j’ai montré les photos, il m’a dit t’en as d’autres ? Moi j’ai 10 ans de planches contact comme ça. Alors il m’a dit ah mais c’est génial et tout, est-ce que je peux t’aider à trier, on a trié et tout. Et après j’ai scanné des photos, j’ai fait des petits tirages. Et il m’a dit mais pourquoi tu fais pas un livre ? J’ai appelé Bernard Kouchner, j’ai montré les photos, il m’a dit ah bah super. Et on est parti sur cette aventure, on a fait un livre avec la martinière. Après il y a eu un deuxième livre sur le Tchad, parce que c’est un pays où j’allais souvent, où j’allais régulièrement. Et avec Pierraschi, voilà. Alors il y a plein de choses comme ça qui se sont faites, et en même temps, Toutes ces photos, mon épouse m’a énormément aidé. Donc on a commencé à monter des thématiques, ainsi de suite. On a commencé à aller dans les musées. Donc on a eu le musée de l’armée qui m’a acheté une collection, le musée d’art latin, donc il y avait plusieurs musées comme ça. Et puis je me suis dit bon, j’ai pris ce créneau-là, j’ai arrêté de faire de la photo numérique, j’ai acheté un appareil argentique pour me faire plaisir, je voulais redevenir amateur. Et donc j’ai photographié un peu ma région, les paysages, j’allais à la montagne, mais je faisais ça pour moi sans arrière-pensée commerciale. Mais par contre je m’occupais un peu de mes argents. Puis à un moment, je me suis dit, je vais peut-être m’ouvrir à d’autres, parce que j’avais acquis une expérience de la vente de photos, ainsi de suite, puis j’ai rencontré des collectionneurs, j’ai rencontré pas mal de gens. Donc du coup, je commençais un peu à m’ouvrir à d’autres photographes. Bon, j’ai commencé par les gens de ma génération, voilà, parce que les autres médiums de la photo, je ne les connais pas, la photographie contemporaine, plasticienne, tout ça, c’est loin de mon champ d’action, c’est loin de ma culture photographique. Puis moi j’ai une culture photographique de reporter, c’est pas non plus… Mais petit à petit, j’ai essayé de comprendre, parce que ça fait partie de notre évolution aussi, on ne peut pas rester que sur le passé, il faut quand même regarder. Donc du coup, j’ai un peu regardé un peu ce qui se passait sur le milieu. J’ai rencontré des gens qui m’ont aussi permis d’avoir un œil un peu plus contemporain. Il y avait Bernard Montaner qui était l’ancien directeur du FRAC à Marseille, qui est devenu un ami et qui m’a beaucoup aidé dans cette démarche. Alors après, il y a un moment, j’avais envie de montrer quelque chose, un espace photographique. Pas une galerie, mais un espèce de showroom où les gens viennent pour apprécier de la photo. Mais des gens de la rue, des gens qui n’avaient pas accès… Ou un.

0:12:57 – Julien GERARD – Lieu qui ne soit pas trop élitiste.

0:12:59 – José Nicolas – Oui, voilà, je voulais que ce soit… et donc j’ai trouvé quelqu’un qui était collectionneur, un chef d’entreprise, qui aimait la photo, et donc il m’a soutenu sur cet espace, que j’ai trouvé grâce à Stéphane Cormier, le tireur argentique qui est un ami, qui m’a dit « Écoute, il y a un espace », donc j’ai rencontré cette personne. Cette personne a investi dans l’affaire, parce qu’il faut quand même de l’argent, il faut payer les loyers, tout ça. Et pendant les 2 premières années, j’ai un peu tatayonné, j’ai fait des essais avec certains types de photographes, ainsi de suite. Et puis maintenant, ça a pris son rythme, il y a des gens qui viennent exprès, on organise pas mal de choses. on organise des ventes aux enchères, des expositions, et il y a un panel de photographes qui vont des photographes un peu plasticiens comme Irène Jonas ou Valérie Evrard, il y a des reporters comme Olivier Jobart ou Éric Bouvet, il y a des photographes un peu plus… Collecteurs, anciens comme Jacques Viollet ou Walter Caron, c’est leurs filles qui m’ont confié les fonds que je gère. Il y a la collection de Paris Match maintenant. Voilà, donc il y a tout un panel, et puis il y a de la photographie aussi contemporaine, il y a des contemporains, il y a quelques photographes contemporains, on a des photographes comme Hervé Baudart, enfin voilà, il y a un mélange de gens et tout ça, ça marche assez bien, et de plus en plus on a du monde qui nous suit. Et ça fonctionne. Après bon, il y a des hauts et des bas, parce que la photo, parfois ça marche bien, puis après ça marche un peu moins bien, puis c’est pas toujours une nécessité dans la vie quotidienne. Donc voilà, on continue. Donc là, on est à la quatrième année. Donc on est documentaire, enfin maintenant le reportage s’appelle documentaire, alors documentaire. On est humaniste, contemporain, enfin il y a différents, mais tout se mélange. Et ce que je voulais c’est que quand les gens rentrent, ils se sentent bien chez eux. Ils peuvent fouiller, ils peuvent regarder. Donc du coup, on est soutenus. Et alors après, dans ma carrière de photographe, j’ai rencontré beaucoup de gens et j’ai eu la chance, avec beaucoup de personnes, d’avoir gardé des liens. Donc certains viennent ici et me soutiennent à leur manière. Ils achètent des œuvres, ainsi de suite, tout ça. C’est pour ça que ça a pris une autre forme. C’était pas gagné au départ.

0:16:11 – Julien GERARD – — Ouais j’imagine, on va en parler. Alors pour resituer juste un peu dans le temps pour les archéologues qui écouteront le podcast, je ne sais quand. Donc on est en avril 2023, donc t’as ouvert la galerie en 2019, c’est ça ?

0:16:22 – José Nicolas – — Ouais, 2019.

0:16:23 – Julien GERARD – — T’as le même timing que moi, toi un petit peu mauvais par rapport au Covid.

0:16:26 – José Nicolas – — Ouais, alors le truc c’est le Covid, ça a bien fonctionné parce qu’on a travaillé avec des plateformes et ça a très bien marché.

0:16:38 – Julien GERARD – – OK, t’as fait de la vente en ligne ?

0:16:42 – José Nicolas – – Oui, on a fait beaucoup de vente en ligne, on a fait de la vente aux enchères, donc du coup ça nous a sauvés et en même temps on a reçu des gens, enfin dès qu’on pouvait ouvrir, on ouvrait, donc voilà. Alors après, je m’en tiens aussi à certains prix, je ne suis pas à des prix de folie, parce que… J’ai affaire à beaucoup de gens qui… Là, maintenant, on a beaucoup de collectionneurs qui viennent parce qu’on a des vintage, on a des collectionneurs qui nous confient des fonds, des photos, tout ça. Du coup, on a des collectionneurs qui viennent de plus en plus. Mais on maintient des prix. On n’est pas à des choses très excessives. Voilà, on part de 300 à la photo la plus chère à 3000.

0:17:35 – Julien GERARD – – Ouais, ça reste accessible à 300 €.

0:17:37 – José Nicolas – – Voilà, et puis il y a des photographes qui ont été reporters, c’est-à-dire que leurs photos, elles ont des vies déjà, elles ont plein de vies, puis elles circulent partout, maintenant les photos sont sur Internet, sont partout, donc la personne ne peut pas demander sur une photo du commandant Massoud, là par exemple on a fait une vente dédiée uniquement au commandant Massoud, Donc on a eu plein de gens qui ont acheté des photos, mais il y avait une dame qui travaillait à La Poste, qui adorait le commandant Massoud, qui achetait un portrait à 400 euros. Voilà. Mais c’est une photo qui est déjà parue plusieurs fois, ainsi de suite, donc on ne peut pas demander des sommes comme si c’était une photo contemporaine qui est une création de l’esprit, qui est une… je ne sais pas, la même chose, et qui est une pièce unique. Là, c’est les photos de reporters, Elles ne sont pas uniques, elles tournent déjà, elles sont un peu partout, donc on reste sur des prix qui sont corrects, où tout le monde gagne sa vie parce qu’il y a le labo, tout ça, mais ça reste accessible.

0:18:45 – Julien GERARD – – Je voudrais qu’on revienne un petit peu dans le passé, puisque tu nous balances des noms comme ça, mais moi ça m’intrigue, comment on rencontre Bernard Kouchner ?

0:18:55 – José Nicolas – – J’ai rencontré au Liban sans gueuler, voilà, et puis après on est devenus copains, enfin le truc… Parce que c’était… Moi j’avais pris une permission et puis j’étais parti au Liban et donc avec une ONG je m’occupais des ambulances. Donc on allait chercher les gens qui étaient blessés. Et en même temps je faisais un peu de photos quoi. Et voilà il y a un jour il fallait transporter des gens, il était là au milieu, enfin bon voilà on s’est un peu accrochés. Et après on s’est revus et voilà ça a été… Quand je lui ai dit que je suis dans la vie civile, il m’a dit viens avec moi. Je l’ai accompagné, on a monté à un hôpital souterrain en Afghanistan. En même temps, je faisais les photos, je faisais la logistique, je m’occupais de la logistique. qu’il fallait transporter du matériel sur les limules. Tout ça, ça faisait partie. Et là, après quand ma pérmission est terminée, j’ai intégré mon régiment, et puis je suis revenu au Liban. Et là, cet Oangel était tenu par quelqu’un que je connaissais par la famille. et qu’il y avait une ONG qui s’appelait l’hôpital sans frontières, et qu’il y avait des ambulances qui allaient sous les bombardements, enfin après les bombardements, chercher les gens, les ramener, ainsi de suite. Avec des vieilles ambulances qui tombaient une fois sur deux en panne. Mais bon, quand on était sous ordre d’aller par là, on s’est tout fait. J’imagine. C’est la démerde.

0:20:41 – Julien GERARD – En quelle année tu quittes l’armée ? Je suis rentré en 74 et je suis parti en 83.

0:20:46 – José Nicolas – Ensuite au ANG. Ouais, rapidement, mais après, vite, j’ai parté avec eux, mais j’ai commencé à donner des photos à CIPA. Donc le rédacteur en chef était Claude Kerset, qui m’a beaucoup aidé aussi. Tout le long, il y a eu des gens comme ça qui ont été là. Voilà, ils sont là, ils accompagnent. En 2014, j’ai rencontré une personne qui était ambassadeur de France Haiti, qui est devenue une amie et qui m’a ouvert d’autres portes. À chaque coup, il y a eu des gens comme ça dans la vie qui ont été là. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, parfois il y a des photographes, je me dis qu’il faut leur donner un coup de main parce que ça fait partie de la vie.

0:21:50 – Julien GERARD – – C’est ça, tout ce qu’on t’a donné, il faut le rendre.

0:21:54 – José Nicolas – – Je ne serais pas jusque-là mais bon, des fois on a des éléments et puis c’est bien aussi d’être là pour les autres, on ne peut pas rester que pour soi, ce n’est pas drôle.

0:22:9 – Julien GERARD – Je vais te poser une question, je pense que la réponse elle va me provoquer une pointe de jalousie. Tu disais tout à l’heure qu’à l’agence SIPA tu as pu te former auprès d’autres photographes.

0:22:19 – José Nicolas – Oui.

0:22:19 – Julien GERARD – Alors tout le monde connaît SIPA, enfin tous ceux qui aiment la photo en tout cas connaissent SIPA et savent qui y était. Qui est-ce que tu as pu rencontrer et sur quelle photographie tu t’es fait ton oeil ?

0:22:31 – José Nicolas – Un peu tous. Il y avait Jacques Toregano qui était un très bon photographe. Avec qui j’avais des dialogues, j’avais une discussion avec lui. Il y a Seth Boone, il y a tous ces photographes. Seth Boone c’était un malin. Parce que c’est vrai que quand on est dans une agence, il faut être un peu malin quand même. La photo c’est une chose, mais il y a aussi le côté de la débrouille. Moi j’allais par exemple sur le terrain, donc il y avait Jean-Claude Delmas qui était pas si pas, mais qui était à l’AFP, donc il m’a quand même bien… ça a été un peu mon mentor, on allait faire la guerre Iran-Irak ensemble. Donc on partageait la piole, il est plus âgé que moi mais il avait plus d’expérience. Après j’ai rencontré Jacques Pavlowski, Jacques Pavlowski pour moi c’est un peu un maître, qui était à l’agence Sigma, Lechon, François Lechon, C’est quand même un personnage aussi dans la photo. Voilà, il y avait tous ces gens-là qu’on rencontrait. Et puis parfois on rencontrait des maîtres, on rencontrait Cartier-Bresson, des gens comme ça. Voilà, qui étaient gentils avec nous. Non mais… Je veux dire, il y avait des choses qui se passaient entre les gens. Puis c’était un petit noyau, puis on était potes sur le terrain, c’était chacun pour soi. Mais après on était des copains, on se voyait, enfin entre nous, c’est autre chose. Puis ce qui faisait aussi la force, c’est qu’on avait des agences derrière, avec des super patrons, on avait Gokshin, il y avait Monteux, il y avait Hubert Hanroch, Bob Pledge, c’était quand même des sacrés types. Et ça c’est ça, ils faisaient l’union, il y avait quelque chose qui se passait entre tous. Quand on est parti en Roumanie, sur la Révolution Roumaine, on envoyait des films, et il y avait à l’agence, les gens sont restés là à Noël pour triguer les photos parce que les autres étaient sur le terrain. Voilà, il y a tout ça qui se passait. Là c’est compliqué aujourd’hui pour un photographe, parce qu’il doit faire les photos, il doit les trier, il est tout seul avec son ordinateur, il doit aller les vendre, enfin c’est compliqué. Nous on n’allait pas dans les gens, on avait des vendeurs qui y allaient, il y avait Chantal Dupuis qui était chef des infos, qui faisait l’éditing, qui avait un super oeil, voilà. Donc c’est sûr qu’on avait des conditions de… C’était un mode de vie dans lequel on se débrouillait bien. Même des gens qui étaient moyens en vivaient bien. Aujourd’hui, celui qui est moyen, c’est dur pour lui.

0:25:10 – Julien GERARD – – Là où je vous envie c’est que surtout vous n’aviez pas à faire les IPTC.

0:25:16 – José Nicolas – – Oui, on écrivait avec le feu sur la diapo. Après je pense que ce métier est devenu un médium. Voilà, donc maintenant, du coup, chacun s’exprime comme il entend. Donc il y a plusieurs courants, il y a plusieurs choses, et puis je pense aussi que nous, ceux qui s’occupaient de la photo, mais ce n’est pas de la photo artistique, enfin nous ce n’était pas ça, des artistes il y en avait très peu. Des galeries, il y avait deux galeries photo. Mais on avait derrière, on avait des gens qui étaient derrière nous, qui nous engueulaient, qui nous guidaient. Il y avait un patron, donc les quatre que j’ai cités. Et puis il y avait Christian Cojol aussi qui avait monté l’agence VU, qui était un autre style. il y avait Raffo, voilà, et après il y avait des rédacteurs en chef, il y avait Claude Thierset, Didier Contant, Pellissier, ça c’était des sacrés mecs aussi, c’était des types qui étaient dans les rédactions, qui étaient derrière nous, Henri Bureau, qui nous mettait la pression, et en même temps qui nous aiguillait, qui nous… il y avait plein de choses derrière. Là, là, là les gens sont seuls, ils sont… Et souvent, ceux qui prennent un peu des relais dans des syndicats ou des trucs comme ça, ils occultent les anciens. Parce qu’ils veulent se créer leur propre identité. Donc c’est compliqué. Et puis il y a un nombre de gens en photo, il n’y a pas de la place pour tout le monde, ce n’est pas possible. C’est impossible de… Voilà, puis c’est un métier qui va disparaître, parce que, avec la nouvelle technologie, avec les portables, avec tout ça et tout, il y a plein de gens qui font les trucs eux-mêmes. Il y a un graphiste qui retape les photos. Voilà, il y a beaucoup de choses qui disparaissent. Après, aujourd’hui, il y a des photographes, il y a des bons photographes qui sont très talentueux, des jeunes, ils sont bons. Enfin, je veux dire, Édouard Elias, tout ça, c’est quand même des bons photographes. Puis ils ont des idées, ils ont de la créativité, puis ils sont dans leur temps. Mais il n’y a pas de place, parce qu’ils sont trop. Et le marché, il est… Et le corporate, il tend à disparaître aussi, parce qu’avec les nouvelles technologies, on fait des… À un moment, j’étais dans le sud, je photographiais des domaines de vin, donc je ramenais les bouteilles chez moi, je faisais un studio, ça me faisait un peu de fric. Bon maintenant c’est la secrétaire qui le fait, le mec il achète une boîte à lumière, il met la boutique, le portable et ils font ça.

0:28:38 – Julien GERARD – – J’ai testé, c’est tellement facile par.

0:28:43 – José Nicolas – Rapport à… – Ouais, alors avant c’était l’argentique, il fallait mettre des lumières, fallait mettre plein de choses, maintenant c’est le vigneron lui-même qui fait son truc quoi.

0:28:51 – Julien GERARD – – Est-ce que t’as vu un peu ce qui se passe en ce moment avec les images générées par l’intelligence artificielle ?

0:28:57 – José Nicolas – – Non, je regarde pas, non, parce que je restais dans mon monde, Je reste dans ma passion de la photo. Il y a des photographes que j’aime bien, qui ont fait des choses avant, et quand je vois ce qu’ils font, je me dis… Là, il y a par exemple, là, mardi, il y a la fille de Georges Martin, qui était un photographe humaniste, qui a fait des très belles photos sur Paris, et ainsi de suite. Moi, ça me fait plaisir, parce qu’on ne connaît pas ce photographe, mais on va le découvrir. Ce qui est intéressant, c’est de faire découvrir des choses Je suis trop vieux pour aller sur les nouvelles technologies, parce que c’est pas mon truc. Voilà, c’est pas… J’ai plus l’esprit à ça, à d’être… Donc je regarde pas. Je regarde ce qui a été fait, j’essaie de valoriser des fonds photographiques, de photographes comme Walter Caron, des gens comme ça, parce que ça me plaît, ces photos, parce que ça me fait… Ça me fait rêver, je trouve qu’elles ont plein de choses à transmettre. Et tout ce qui arrive maintenant, c’est plus moi, c’est pas ma génération.

0:30:15 – Julien GERARD – Comment tu choisis les photos qui sont exposées dans la galerie, c’est feeling et rencontre ?

0:30:19 – José Nicolas – Ouais, ouais, alors moi j’aime bien quand les photographes sont ouverts, qu’ils sont un peu généreux. Si c’est vraiment quelqu’un qui est uniquement tourné sur lui-même, je ne fais rien avec lui. Parce que ça ne marche pas. Parce que le public qui vient là, les gens qui viennent ici, ils ont envie de partager. Quand je fais un truc, Eric Bouvé est là, il partage avec les gens, il discute avec eux. Moi je veux qu’il partage, parce que c’est juste du narcissisme. Il y a plein de gens, ils peuvent aller ailleurs.

0:30:58 – Julien GERARD – On a bien parlé de ton parcours, merci beaucoup. On attaque la partie livre. Tu es prolifique, il y a pas mal de bouquins.

0:31:9 – José Nicolas – Ouais, ben je ne fais pas mal, voilà, puis à un moment, il y avait un copain à Toulouse, il avait une boîte d’édition, il avait racheté une boîte d’édition, Loubatière, et puis on s’est mis à faire des livres, comme j’habitais en province, enfin en Provence, on a fait un livre sur l’huile d’olive, sur le pastis, sur le cassoulet, tout ça. Mais je me suis bien amusé, parce que c’était très sympa, parce que je faisais des reportages pour des journaux, notamment pour Le Pèlerin et tout. Et puis régulièrement, les gens qu’ils voyaient me disaient « Ah bon, on voudrait faire un livre ». J’ai une anecdote sur le cassoulet.

0:31:43 – Julien GERARD – J’ai mis la transition par la guerre ONG à Cassoulet.

0:31:47 – José Nicolas – Oui, mais c’est ça la curiosité, il faut être curieux.

0:31:50 – Julien GERARD – Mais c’est un des avantages du métier de photographe, il faut s’y rendre, on vit tout.

0:31:53 – José Nicolas – Ah oui, et donc du coup, il y avait Luc Rérol qui était à la photo du Pèlerin Magazine, il m’a envoyé faire un reportage à Castelnaudary sur Cassoulet. Donc j’ai passé une semaine parce qu’il fallait faire la cuillette des haricots, la fabrication, ainsi de suite, donc j’ai fait un peu toute la chaîne. Puis ils avaient fait 8 pages, parce qu’à l’époque ils faisaient le terroir. Donc ils avaient fait 8 pages. Parce que ça aussi, ça n’existe plus dans les magazines. À l’époque il y avait beaucoup de choses, il y avait le terroir. Donc c’était sympa, on allait dans des endroits et on faisait un reportage sur… Même VSD faisait ça. Voici, ils avaient le magazine Voici, ils avaient 4 pages. comme ça, sur rencontres, paysages, des choses comme ça. Tout ça, ça n’existe plus. Et donc du coup, le magazine parait, et la directrice de l’Office du tourisme m’a dit « on voudrait faire un livre, ça vous intéresse ? » Moi j’ai dit « pourquoi pas ? » Donc du coup j’ai fait ça, puis je faisais plusieurs fois Castelnaudary, j’étais enthronisé la confrérie de Cassoulet, – Ce n’est pas rien. – Et le jour où il sort le livre et tout, donc je vais là-bas, l’inauguration, le bouquin, tout le monde est content, et puis les types me remplissent le coffre du vin Minervois et de cassoulet. Et puis je pars et j’arrive au péage de Harle. où il y avait les douaniers, et là ils m’arrêtent, alors avec ma tête de sarrasin ils se sont dit tiens, il a du shit dans le coffre, et puis ils ont ouvert tous ces cassoulets et tout, alors ils ont douté, mais ça a duré un moment, j’ai dit mais non, j’aurai expliqué tout ça et tout, puis finalement ils m’ont laissé partir. Et pendant six mois, j’ai fait manger du cassoulet à mes copains, ils n’en pouvaient plus. – Oui mais du bon. – Ah ben il était bon, il était bon. Donc ce copain avait sa petite boîte d’édition et on a fait une dizaine de livres comme ça. Après il y a eu l’aventure militaire où là j’ai travaillé avec Corinne Krebs qui avait monté une boîte d’édition, on était associés ensemble. Et donc moi je faisais des livres sur des régiments d’élite. Et en même temps, moi ça me permettait d’aller sur le terrain, je suis allé en Bosnie, je suis allé dans plein d’endroits, et j’avais le droit d’exploiter les images. Et comme j’étais avec eux dans des conditions comme un soldat, Donc souvent j’avais quand même des images qui étaient intéressantes, assez fortes, et ainsi de suite. Donc du coup, quand j’avais l’autorisation, je pouvais les publier dans les magazines. Donc ça, ça a été aussi une année. Et puis à un moment, je me suis un peu… J’ai eu la rencontre avec un vigneron, enfin avec deux vignerons, Guillaume Tari du Domaine de la Bigue, et Éric de Saint-Victor de Pibarnon. m’a fait découvrir d’autres autres trucs, puis je me suis mis à faire des reportages sur le vin, donc j’ai fait plusieurs livres sur le vin, voilà, avec les éditions qui sont à Grenoble. J’ai perdu le nom. Voilà. Du coup j’ai fait beaucoup de livres.

0:35:21 – Julien GERARD – Je retrouverai le nom, je le mettrai.

0:35:22 – José Nicolas – Dans les notes de l’épisode. Avec eux, Loubatière, il y a eu La Martinière, il y a eu… Après j’ai fait un livre aussi avec l’association L’Esprit de tous les combats, qui est une association un peu comme Les Gueules Cassées. Quand j’ai fait le livre sur l’Afghanistan. Donc ça, ça a été un grand moment. Ça a été un truc très fort. Voilà.

0:35:49 – Julien GERARD – C’est Task Force ?

0:35:51 – José Nicolas – Ouais.

0:35:51 – Julien GERARD – Ok. Moi je l’ai sous les yeux là. Je mettrai un lien vers ton site aussi.

0:35:56 – José Nicolas – Ouais, c’est sympa. Et donc du coup… Voilà. Mais la galerie me prend beaucoup de temps, alors du coup j’ai un peu…

0:36:10 – Julien GERARD – Quand tu décides de faire un livre, en général ça se passe comment ? C’est toi qui a l’initiative ou c’est une commande ? Comment ça se passe ?

0:36:20 – José Nicolas – Les livres pour les unités d’élite c’était un peu des commandes. C’était des gens qui me connaissaient, qui m’appelaient, qui me disaient qu’on voulait faire un bouquin. Bon, ça c’est une chose. Et après sur le vin, c’est pareil. C’était Lévignon qui voulait faire un bouquin. Moi je trouvais un éditeur. Je ne m’occupais pas beaucoup de… Alors ça c’est un regret pour moi. Alors le seul bouquin où vraiment je me suis énormément investi dedans et je voulais que ce soit quelque chose de bien construit, c’était le livre avec les Franches-Docteurs. Et là j’ai eu beaucoup de chance parce qu’il y a quelqu’un qui m’a énormément aidé là-dedans, c’est Patrick Gambache, qui était l’ancien directeur général de la Martinière. et qui a complètement flashé sur l’idée, et donc on était derrière, et puis il y avait mon épouse aussi qui était avec moi, qui regardait, qui vérifiait, parce que c’est quand même un des plus beaux qu’un que j’ai fait.

0:37:29 – Julien GERARD – – Il est sorti quand ce livre ?

0:37:31 – José Nicolas – – En 2017, ça a pris un an, et après pour les textes j’avais demandé à un copain journaliste avec qui je voyageais régulièrement, et qui me connaissait bien, comment ça s’appelle, de ce copain, d’écrire. Parce que je racontais des choses avec… Comme on avait été ensemble sur plein de terrains, donc lui, il me connaissait, on se connaissait, voilà. Donc c’est lui qui a écrit un peu les textes. Et Bernard Kouchner, il a fait la préface, et après il a fait les introductions.

0:38:16 – Julien GERARD – — D’accord. Moi ça tombe très bien qu’on parle de ce livre parce que c’est celui qui m’intéressait le plus. Donc t’as mis à peu près un an à faire le livre. Quel est le cheminement pour faire le livre ? Ton cheminement puisque chacun a son… —.

0:38:29 – José Nicolas – D’abord il a fallu que je… J’ai fouillé encore dans d’autres archives parce qu’ils me demandaient toujours d’autres photos. Après il fallait faire le lien avec les textes. Et puis, comme on avait fait beaucoup de voyages avec Bernard, il fallait que je choisisse des… au départ on voulait mettre plein de photos, mais moi je voulais pas que ce soit un livre que photos, je voulais qu’on explique des choses aux gens, que les gens, ils lisent. ils comprennent un peu l’histoire, tout ça. Je suis un peu contre les livres où il y a juste des images. Parce qu’on a été reporter, donc on a toujours… on a vécu des histoires par rapport à des photos, par rapport à des choses qu’on raconte, quand on raconte des… Donc du coup, C’était important et comme il y avait beaucoup de voyages, on ne pouvait pas mettre toutes les photos, tous les voyages, donc on a choisi quatre voyages qui font lien avec ce qui se passe aujourd’hui. Donc la mer de Chine, avec ce qui se passe en Méditerranée, Bon, sauf que c’est pas la même chose, sauf que les Vietnamiens qui fuyaient, ils étaient chrétiens. Et puis, c’est une époque qui était différente parce que, bon, on était un peu… c’était contre le… enfin, il y avait deux blocs, le bloc communiste et le bloc occidental. Enfin, bon, deux contacts. Et eux, ils fuyaient parce qu’ils étaient persécutés. Aujourd’hui, il y en a qui fuient la guerre, mais il y en a aussi qui viennent pour des raisons économiques. Donc les choses sont complètement différentes. Et puis ce n’est pas les mêmes cultures. – Oui, mais les malheurs sont les mêmes. – Oui, les malheurs sont les mêmes, mais il y a des choses qui ne sont pas pareilles. L’histoire, elle existe. L’Afghanistan, malheureusement, ça ne s’arrête pas. Le Liban et le Kurdistan, où tous ces gens qui sont souvent trompés par l’histoire, tous ces Kurdes qui sont trompés par l’histoire, parce qu’on leur promet de faire une création, de créer leur pays et tout ça, donc on les utilise. dans différentes guerres, pour gagner, et puis quand les jeunes ont ce qu’ils veulent, ils les oublient. C’est un peu les oublier l’histoire quand même.

0:41:17 – Julien GERARD – Ça c’est 2017 le livre ?

0:41:18 – José Nicolas – Oui, 2017.

0:41:18 – Julien GERARD – Et les photos partent de 87, 84.

0:41:21 – José Nicolas – 82, enfin 84, 86, 85. — C’est intéressant parce que le livre.

0:41:36 – Julien GERARD – Date de 2017, et pour le Kurdistan, ça s’est à nouveau répété après la fin de Daesh, en fait.

0:41:42 – José Nicolas – — Oui, oui.

0:41:42 – Julien GERARD – — On les a utilisés pour gagner, puis on n’entend plus parler. Ils n’ont toujours pas leur pays.

0:41:46 – José Nicolas – — Oui. Donc du coup, tout ça, c’est un peu… Donc on avait choisi ces 4 pays, parce qu’on avait le Tchad, on avait plein de trucs, on avait choisi ça. Et puis Bernard, il est toujours militant pour que les Kurdes aient un État, donc à 83 ans il va toujours au Kurdistan, il les soutient ainsi de suite.

0:42:7 – Julien GERARD – – Le Tchad je t’envis un peu, j’y vais chaque année pour un client mais je me cantonne à N’Djaména et en tant que civil tout seul c’est un peu compliqué pour aller s’aventurer en dehors de N’Djaména.

0:42:23 – José Nicolas – – J’ai fait un livre sur le Tchad aux éditions Imogen avec Nathalie Meievski Et ce livre, je l’ai fait aussi parce que c’est un peu une petite histoire, parce que mon père était militaire et on était en Algérie, il y avait la guerre d’Algérie, et puis à un moment, quand l’Algérie arrivait vers l’indépendance, il y a des militaires qui ont été mutés, soignants qui sont rentrés en France et puis d’autres qui ont été mutés dans les pays qui venaient de naître après la colonisation, parce qu’il fallait former leur armée, des choses comme ça. Donc on est parti au Tchad, et lui commandait une compagnie montée sur des méharistes. Donc on a vécu au Tchad quand j’étais petit, et après je suis retourné comme militaire en 1974, parce que je me suis engagé dans les parachutistes, parce qu’il y avait l’affaire Clostre. Et après je suis retourné deux fois comme à chaque coup trois, quatre mois, fin de les interventions en Chine. Et après, quand je suis… avec les ONG aussi, je suis allé là-bas. Et après qu’on photographe, j’allais tellement souvent qu’à six points, on m’appelait José Le Chabien. Et je faisais des crises, parce que je voulais pas que les autres s’y aillent, il y avait que moi qui y allais. Et donc du coup, j’ai fait plein de trucs, la bataille de Ouadidou, enfin plein de choses, plein de… d’événements, plein de trucs. Voilà, donc j’ai pas mal couvert le Tchad. Et après, l’entrée d’Ibi qui l’a pris le pouvoir, enfin voilà, plein de plaintes d’événements. Et un jour, j’avais ces photos, alors comme j’allais quand même souvent dans le Nord, j’allais dans Tibisti, j’allais à Faya, ainsi de suite, et je trouvais que rien ne changeait. Voilà, donc on avait fait le Tchad des héros anonymes.

0:44:28 – Julien GERARD – Ouais, beau sujet.

0:44:29 – José Nicolas – Ouais, ouais, mais c’était en noir et blanc, voilà, c’était un peu… Et donc j’ai demandé à un copain avec qui j’avais fait beaucoup de reportages au Tchad, Pierre Asqui, qui à l’époque était à Libération et maintenant il est à la revue de presse de France Inter, me décrire un peu sur…

0:44:52 – Julien GERARD – C’est chouette. Belle carrière en tout cas.

0:44:55 – José Nicolas – Oui, c’est sympa.

0:44:57 – Julien GERARD – Merci de m’avoir reçu.

0:44:59 – José Nicolas – Merci à toi, sympa.

0:45:0 – Julien GERARD – J’ai une dernière question. Est-ce que tu as une personne à me suggérer pour un prochain épisode du podcast ?

0:45:10 – José Nicolas – Oui, il y en a qui ont des belles choses à raconter. Il y a un photographe qui est assez intéressant, c’est Jacques Langevin. qui habite en même temps en Normandie, qui vient souvent à Paris, qui a été photographe à l’agence Sigma, et qui avait fait la Place Tian’anmen, toute cette série de photos qui est parue partout, qui a quand même un beau parcours, et qui a de l’humanité un peu. Moi je te propose des gens comme lui.

0:45:44 – Julien GERARD – Après il y a un autre photographe.

0:45:47 – José Nicolas – Aussi, qui est un ami, parce que je suis rentré avec lui à SIPA, et puis on est toujours potes, qui est à l’agence SIPA, qui continue à faire les voyages. Alors lui il a fait tous les présidents depuis Mitterrand, et qui s’appelle Jacques Vitte. Qui est pareil, qui est un… un vrai esprit de reporter et compagnie.

0:46:15 – Julien GERARD – Tu as travaillé avec lui sur le terrain ?

0:46:18 – José Nicolas – Pas trop parce qu’on était photographes dans la même agence. Alors des fois on faisait des trucs ensemble, on bossait ensemble, on avait des reportages, on partait ensemble, on faisait ce qu’on appelait le pool. Donc on a fait des choses, on a pas mal bossé ensemble, mais bon on est amis depuis des années, c’est quelqu’un d’intéressant. Parce qu’il a une bonne vision lui, parce que lui il est toujours à SIPA. Depuis 1984 jusqu’à aujourd’hui il est toujours à SIPA. Il est salarié maintenant parce qu’il n’y a plus de pigiste, mais il a une bonne analyse du métier.

0:46:57 – Julien GERARD – Tu peux me parler de ses photos vite fait ?

0:46:59 – José Nicolas – Oui, alors lui c’est plus des photos politiques. Il a suivi Mitterrand, après il a suivi Hollande, Sarkozy, voilà, il a fait pas mal de choses. Mais en même temps, il a vu toute l’évolution d’une agence. Une agence qui monte et qui descend. Parce qu’aujourd’hui, je ne sais pas, ils sont 20.

0:47:20 – Julien GERARD – – Tu me disais qu’à un moment ils étaient jusqu’à 230.

0:47:22 – José Nicolas – – Oui, parce qu’il y avait le labo, il y avait un service people, il y avait un service sport, il y avait les coursiers, il y avait les motards qui t’amenaient sur les reportages, il y avait la rédaction, il y avait les archives. Donc les archives, il y avait une vingtaine de personnes qui sculptuaient des archives parce qu’il y avait des vendeurs, il y avait 10 vendeurs. qui partaient tous les jours avec leurs sacoches dans les journaux. Puis après, il y avait beaucoup de journaux qui n’avaient pas de vendeurs, donc ils s’adressaient directement aux archives. Il y avait la réception, puis il y avait un gros studio photo où il y avait certaines vedettes qui étaient indisclutés avec l’agence qui venaient se faire photographier. Voilà, il y avait quand même beaucoup de choses. Puis il y avait des noms qui sont passés dans cette agence.

0:48:17 – Julien GERARD – Ok, un mot pour conclure cette interview ?

0:48:23 – José Nicolas – Bah, longue vie à la photo ! On le souhaite ! Voilà !

0:48:28 – Julien GERARD – Merci José-Nicolas.

0:48:29 – José Nicolas – Merci à toi.

0:48:31 – Julien GERARD – Au revoir tout le monde.

Julien GERARD

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