La rencontre
J’étais parti marcher sur les hauteurs de Banaue, dans le nord des Philippines. La veille, j’avais rejoint le village en fin de journée, sans me douter qu’ici, chaque jour à 15 heures précises, la pluie tombait sans prévenir, torrentielle.
Pris au dépourvu, j’ai couru m’abriter sous un simple toit de tôle. Un vieil homme était déjà là, assis sur un banc, immobile, comme s’il avait l’habitude d’attendre que l’averse passe. Je me suis installé à côté de lui. Quelques mots échangés, des gestes, des sourires. Puis des rires. De ceux qui dépassent les langues et les cultures.
Ce jour-là, impossible de sortir l’appareil photo. Le ciel était trop sombre, la lumière inexistante. Alors j’ai laissé l’instant filer.
Quelques jours plus tard, je suis retourné dans le quartier. Il était là, assis exactement au même endroit. Cette fois, le soleil illuminait son visage. Je ne pense pas qu’il m’ait reconnu, mais son sourire, lui, n’avait pas changé. Alors j’ai pris mon appareil et j’ai capturé ce moment.